Des guérisseurs et des médecins
Pour intervenir, René Blanc n’a besoin que du prénom de la personne, des circonstances de l’accident, et de la localisation des zones endommagées. Inutile pour lui de se déplacer au chevet de ceux qu’il aide, tout se fait par téléphone, pour rendre service. Après trente-quatre jours de coma, Alice reprend connaissance. Elle est intubée, sa peau calcinée mais elle ne ressent aucune douleur. Ses brûlures sont pourtant spectaculaires. « Les médecins ont voulu m’installer une perfusion de morphine. J’ai refusé. C’était inutile, je n’en avais pas besoin ! », se souvient-elle. Le Dr Pierre Lacroix, chirurgien plasticien, brûlologue, spécialiste des greffes de peau dans ce même hôpital, connaissait déjà René Blanc. Très intéressé par l’effet antalgique presque immédiat du « secret » et de son pouvoir de guérison précoce constatés chez de nombreux patients faisant eux-mêmes appel à un barreur de feu, il a souhaité un jour rencontrer ce faiseur de secret. Deux hommes, deux générations différentes, deux univers éloignés l’un de l’autre, deux modes d’intervention divergents mais qui, très vite, se sont trouvés des affinités, engagés dans un même combat : réparer les lésions causées par le feu et apaiser les sou rances des autres, de la manière la plus efficace possible. C’est ainsi que le médecin et le barreur de feu ont, pour la première fois, uni leurs compétences pour aider Alice. D’un côté, le Dr Lacroix, au bloc opératoire de l’hôpital de Lyon, a procédé à plusieurs greffes de peau sur le visage et sur le corps de la brûlée. De l’autre, René Blanc, chez lui, à Thonon, a soulagé à distance ses douleurs et lui a permis de cicatriser plus rapidement. Le premier travaillant sur son corps physique, le second sur un autre aspect de sa personne.
La médecine est parvenue à s’imposer comme le modèle thérapeutique dominant, aidée par des succès majeurs comme l’anesthésie, la chirurgie, la découverte des antibiotiques... Elle a également développé une formidable connaissance des maladies à partir de la classification des symptômes de détresse du corps et du psychisme, et de leur regroupement en pathologies. C’est le constat de Jean- Dominique Michel, spécialiste en anthropologie médicale qui souligne aussi ses limites en lien avec ses caractéristiques matérialistes. « C’est à la fois la force et la faiblesse de la médecine de ne traiter que ce qui est observable et objectivable. Les pratiques de santé alternatives reposent sur d’autres représentations que celle du corps en tant que manifestation physicochimique. Elles s’enracinent dans des visions immatérielles de l’être humain, considérant que le corps et ses manifestations de santé et de maladies ne sont que le re flet d’une réalité existant dans un plan non matériel. »
Source INREES