Apprenez à surfer la vie...
Mais l’éveil – terme que je préfère à illumination – cela signifie d’être éveillé là où vous êtes, ici et maintenant. L’un de mes enseignants de méditation parlait d’un nirvana quotidien, d’un instant à l’autre. Les vagues que représentent les difficultés du monde moderne peuvent permettre cet apprentissage. Lorsque mon maître Ajahn Chah a rendu visite aux moines qui vivaient dans le premier monastère établi par Ajahn Sumedho à Londres, il leur a demandé comment ça allait. « Tout se passe vraiment très bien », lui ont-ils répondu. « Dans ce cas, a dit Ajahn Chah, vous ne devez pas apprendre grand-chose en matière de sagesse. »De nos jours, les forces de l’agression sont très puissantes. Les seules forces comparables, les grandes forces du monde, sont celles de l’amour, de la compassion, du calme intérieur, et de l’ancrage qui en résulte. C’est Martin Luther King qui a dit : « Vous bombardez nos églises, mais nous vous aimerons quand même » ; Aung San Suu Kyi, à la junte birmane, après 17 ans de résidence surveillée : « Je ne vous haïrai pas mais je ne partirai pas » ; ou encore Thich Nhat Hanh à propos des boatpeople vietnamiens confrontés aux pirates et aux orages : « Si la panique se répand, tous sont perdus. Mais qu’un seul garde son calme et il ouvre à tous la voie de la survie. » Pour développer la pratique, gardons à l’esprit que nous sommes humains, et que l’éveil est un apprentissage. Ce n’est pas la personnalité qu’il faut chercher à perfectionner, c’est l’amour et la compassion. Cela commence par l’acceptation de sa propre ombre.
Belfond (Mai 2011 ; 557 pages)