C’est-à-dire ni Lumière ni ténèbres.
Pour une raison que l’on ignore, une partie de cette Unité se met en mouvement. Dès lors, la partie agitée prend le nom de ténèbres (composée de Lumière agitée) et le reste perd le nom d’Unité pour prendre le nom de Lumière (composé de lumière immobile).
A partir de ce moment, car il y a un moment, le temps venant de naître en même temps que la matière, un mince filet de Lumière/matière s’enroule sur lui-même créant une densité plus grande que l’environnement. La matière telle que nous la connaissons est née.
Il y a donc dans notre univers beaucoup plus de Lumière que de matière. Et cette Lumière exerce en permanence une pression sur la matière.
On trouvera dans les textes occidentaux une formulation mettant en œuvre une opposition entre les ténèbres (matière) et la Lumière (énergie). Cette opposition n’est ici qu’apparente.
On peut avoir une vision de l’Univers tel un tricot ou un tissage de ce seul et unique fil créant les diverses formes. En termes d’image, ce peut être celle d’une nappe tissée d’un même fil aux motifs différents, singuliers, créant des plis. Tout y est en interrelation et dans son essence identique.
Dans ce processus, la Lumière repousse la matière rassemblant tout en un point. Au cœur de toute galaxie, il y a un trou noir, c’est l’ultime refuge de la matière.
Cette Lumière n’est pas la lumière visible qui est déjà une forme.
Pour retrouver la Lumière, c’est la quête de l’immobilité et de l’alignement. Quand vous êtes sur le chemin, vous êtes en mouvement. Quand vous êtes le chemin vous êtes immobile.
Le but de l’alchimie est de transformer la matière en Lumière (énergie), ce qui est l’inverse du mouvement de la création qui, elle, densifie la Lumière et la transforme en matière.
Finalement, c’est l’intensité du moment présent qui est la principale chose. La recherche de l’unicité, du point « comme un », cette ouverture sur le monde qui montre que tout est bon et beau. L’important est de retrouver sa faculté d’émerveillement, son âme d’enfant, et de goûter la poésie du monde.
C’est au filtre de nos émotions qui sont l’intelligence de l’ego que le monde apparaît laid. La clef de cette recherche est la persévérance, au sens littéral : percer pour voir au-delà des apparences. La souffrance en ce monde n’existe que par l’ego, c’est une souffrance intellectuelle « ce que j’attends et qui ne vient pas ». Il y a une phrase qui l’exprime : « Qu’il est dommage que les roses aient des épines », et une autre qui y répond : « Réjouis-toi que les épines aient des roses. » Tout est une question de point de vue. Il y a dans ce monde une glorification de la souffrance. Si les gens sont envieux et méchants, c’est qu’ils ont le temps, quand je suis vide, je me plains !
La quête, c’est rompre les oppositions, pardonner aux ténèbres et réciproquement, faire que les deux s’entendent.
Ceux qui ont réalisé aiment tout le monde et le vrai secret, c’est qu’il n’y en a pas !
Le Mercure Dauphinois (Février 2009 ; 78 pages)