L'énergie : décryptage
L'énergie est un concept qui peut sembler flou dans notre monde occidental qui nie l’invisible. Il en est tout autrement de l’Orient, pour qui cette « énergie » est au contraire à la base même du concept de la vie.
Cette notion centrale d’énergie est ce qui a permis de développer les arts martiaux, les médecines énergétiques et une philosophie conceptuelle de la vie qui fascine aujourd’hui les physiciens quantiques, les philosophes et les psychologues de haut niveau (depuis C. G. Jung et sa rencontre avec l’Orient). Plus de 20 ans de pratique en Aïkido et en Shiatsu m’ont convaincu de la force et de la pertinence de ce paradigme où le corps, et l’esprit ne sont jamais dissociés, bien au contraire, mais intimement liés par le concept global des énergies.Comment peut-on alors simplement expliquer et vulgariser ce concept d’énergie ? La philosophie taoïste considère que notre univers est avant tout vibratoire et qu’il existe et se manifeste à travers la synergie dynamique de deux forces, inverses mais complémentaires, qui ont été nommées «Yin» et «Yang» (tout le monde connaît le symbole universel du Tao). Cette conceptualisation vibratoire de l’Univers inclus l’être humain et les deux plans qui le concernent, le physique, représentatif du Yin (corps) et le psychique, représentatif du Yang (esprit). L’équilibre de ces deux forces produit l’état d’harmonie (santé) et le déséquilibre produit l’état de dysharmonie (maladie). C’est pourquoi en Médecine Traditionnelle Chinoise, l’équilibre entre le corps et l’esprit est fondamental pour l’état de santé de l’homme comme pour celui de la nature.
En Occident, pour le commun des individus, l’énergie est plutôt un concept qui comprend essentiellement la notion de force motrice. La physique, notamment depuis les travaux d’Einstein, a intégré le fait que la matière n’est en fait qu’une mise en forme, une densification de l’énergie. Mais cette idée est encore «floue» pour beaucoup. Cela est principalement dû au fait qu’en Occident, on considère et conçoit ce qui se voit, ce qui est visible, manifesté, tangible. L’invisible n’existe pas ou est suspect. Même dans les recherches de la physique les plus poussées, c’est toujours le particulaire qui nous intéresse. Ce syndrome de Saint Thomas fait de nous des autistes borgnes qui ne reconnaissent qu’un des plans de notre univers. Pour les autres plans, nous les laissons aux miésotéristes et autres spécialistes du paranormal tout en les connotant «négativement ». Toutes les manifestations constatées de «l’invisible» sont aussitôt étiquetées dans la case «magique» ou «manipulation».
Que nous propose l’Orient ?
Pour pouvoir aborder les champs conceptuels qui tentent d’expliquer ou d’organiser la notion d’énergie, nous pouvons nous tourner vers les philosophies orientales et en particulier la Médecine Traditionnelle Chinoise. En Orient, notre univers n’est pas «matière», il est «énergie». Nous sommes, comme je l’indiquais précédemment, dans un paradigme «vibratoire» qui conçoit la vie comme étant la manifestation de deux forces inverses et complémentaires : le Yin et le Yang. Ces deux forces ou ces deux énergies sont les manifestations de la façon dont le Chaos, informe et originel, s’est organisé et structuré autour de deux dynamiques, l’une subtile et intangible, le Ciel, et l’autre dense et tangible, la Terre. Ils ont catégorisé ces dynamiques sous les terminologies de Yang (Ciel, subtil, intangible) et de Yin (Terre, dense, tangible). Il est intéressant de constater que nous retrouvons dans cette codification orientale, à la fois les termes de notre Génèse (Dieu créa le Ciel et la Terre), les termes de la physique quantique avec les états «particulaires» et «ondulatoires» et les termes de la psychologie avec les états «conscients» et «non-conscients».
Pour les orientaux, le Qi est donc l’essence même de la vie et de sa manifestation qui est notre univers. Dans ce paradigme, le microcosme humain est construit et fonctionne à l’identique du macrocosme observable qu’est l’univers. Pour l’être humain, la structure bipolaire Yin/Yang, dense/subtil, manifesté/non-manifesté est représentée par le corps (yin) et l’esprit (yang). Mais au-delà de ce champ individuel, une segmentation «fractale» existe à l’identique pour ce qui concerne le groupe quelle que soit sa taille (famille, équipe, collectivité, peuple, humanité). Il constitue à l’identique une réalité yin (sa réalité matérielle) et une réalité yang (sa conscience et son identité collective). C’est ce qui nous permet de comprendre les comportements dits «de groupe» dans toutes les formes de vie, végétale, animale ou humaine. Car dans la pensée orientale, tous les champs vibratoires s’interpénètrent, interagissent en permanence et à tous niveaux. Cela nous rappelle d’ailleurs certaines « notions » occidentales comme les égrégores ou l’inconscient collectif de C. G. Jung. Mais à nouveau, ces domaines sont exclus de l’observation et de la connaissance «dite» scientifique.
Informationnel et organisationnel
Il devient alors intéressant de revenir sur ce que l’Orient propose sur ce sujet. Le Qi, l’énergie, est l’essence même de la vie en ce sens que c’est elle qui la «crée», qui l’ordonne, l’organise, lui donne une forme (elle crée le Yin) mais également la «nourrit», «l’informe» et la féconde (elle crée le Yang). En clair l’énergie Qi est constitutive des deux champs vibratoires fondamentaux que sont le Yin et le Yang, la matière et l’esprit, la substance et l’essence, le dense et le subtil, l’espace et le temps, terre et ciel. Dans leur dimension Yin (particulaire) ils sont «organisants» et dans leur dimension Yang, ils sont «informationnels».
Selon le champ «organisationnel» ou particulaire (matière ou subtil, corps ou esprit, etc.), le champ «informationnel» ou vibratoire associé sera en cohérence. Le champ corporel ou matériel informera dans une cohérence électromagnétique par exemple et le champ subtil informera dans une cohérence énergétique de type intuition, transe, médiumnicité ou perception chamanique. Il en est ici comme en radio où le type de fréquence reçue dépend du positionnement du curseur. Si on le place sur les «ondes longues», ce qui sera perçu sera différent, à tous points de vue de ce qui sera perçu si on le place sur «la modulation de fréquence». Notons également que plus la fréquence est «vulgaire» (ondes longues), plus elle est facile à capter par tous (même fréquence sur tout le territoire) mais dans une qualité «moyenne» et sujette à des parasites. Plus la fréquence est élevée, plus elle nécessite un appareillage sophistiqué et des composants de qualité, libres de tout «parasitage». C’est ici que l’on peut comprendre la nécessité de «virginité » demandée dans toutes les traditions du monde à ceux censés être en relation avec le «subtil suprême» (Ciel). On retrouve également cette idée dans les médecines énergétiques où l’on considère que «l’intention porte l’énergie» et que l’attitude et la neutralité transparente d’esprit du praticien sont des vecteurs essentiels de la qualité, certes du soin, mais avant tout du diagnostic. On retrouve enfin une résonance de cette idée en physique quantique, où l’attitude, la recherche et l’intention du chercheur ne sont pas «neutres».
La nécessité de cohérence.
Cette notion de résonance cohérente entre les champs organisationnels et informationnels est également intéressante pour ce qui concerne leurs «représentations». En effet, selon les techniques ou les «sciences » qui s’appuient sur le Qi, les schémas et cartographies diverses, semblent différents voire contradictoires. Il y a par exemple 72 méridiens en Médecine Traditionnelle Chinoise et 72000 «nadis» en Médecine Ayurvédique. Les planches et les cartographies de Réflexologie Plantaire occidentale, chinoise et sud-africaine sont différentes. Elles ne situent pas les zones réflexes aux mêmes endroits. Les pouls énergétiques «radiaux» en MTC sont différents de ceux de la Médecine Tibétaine, etc. Et pourtant toutes ces médecines fonctionnent et donnent des résultats incontestables.
Tout ceci s’explique par le fait que les champs «organisationnels» et «informationnels » utilisés sont différents. Leurs représentations, nécessaires mais obligatoirement réductrices, sont elles aussi différentes. C’est bouleversant pour un «cerveau gauche» occidental, formaté à l’aune de la pensée cartésienne qui établit que «quelque chose ne peut pas être et être son contraire». Dans la pensée énergétique on pense différemment et on considère que quelque chose peut être et être son contraire. Nous sommes ici dans une cohérence holographique où le «réel perçu» n’est qu’une facette angulaire d’un «réel non perçu» plus vaste, plus profond, plus en volume dont ce «réel perçu» n’est qu’une émergence captée à un moment et un point donnés. Nous touchons là à la différence entre le cliché ou l’arrêt sur image et le film, entre le in vitro et le in vivo.
Nous savons aujourd’hui que, dans certains plans le temps et l’espace n’existent plus, que les frontières entre le corps et l’esprit deviennent extrêmement ténues ou disparaissent. Einstein a conceptualisé cela dans le champ hypothétique supraluminique mais sans avoir besoin d’aller si loin, les sciences de la psychologie l’ont constaté notamment dans ce phénomène si particulier rencontré lors de la dernière guerre mondiale. Ce fut la première fois que des pilotes d’avion abattus par l’ennemi, rapportèrent ce fait troublant : pendant les quelques instants de la chute de leur avion, ils avaient revécu l’intégralité de leur vie. Le temps s’était momentanément «dilaté» et quelques secondes avaient contenu des années de vie. Le constat prit d’autant plus de force lorsqu’ils voulurent raconter ce qu’ils avaient revécu en quelques secondes, car il leur fallut des heures et malgré cela ils ne purent tout raconter. De nombreux témoins rapportent également de tels vécus après un accident de voiture et la plupart d’entre nous a déjà vécu cela sans s’en rendre compte dans les rêves. Ils semblent toujours durer des heures alors qu’en réalité la «phase biologique» constatée n’est que de quelques secondes.
De nombreuses autres expériences et techniques valident cette idée. Les voyages dans «l’astral», les transes chamaniques, la médiumnicité, les magnétiseurs, les radiesthésistes, les techniques d’expansion des champs de conscience, etc. montrent et démontrent à la fois la structure vibratoire, énergétique de notre univers et à la fois la ténuité des frontières qui délimitent l’espace entre la matière et le subtil. La difficulté et le piège potentiel résident dans le coté fascinant de cette vision du monde.
La difficulté concerne «l’organisationnel» des informations qui peuvent être perçues dans les champs subtils. Comme je l’ai évoqué plus haut, il existe toujours une «résonance de cohérence» entre les champs organisationnels et informationnels. Or lorsque par exemple un praticien en médecine énergétique va «chercher» des informations dans le subtil, il ne les capte pas toujours dans le champ qui est en cohérence avec l’organisationnel concerné (le corps en souffrance du patient). Il doit donc faire ce qui convient pour qu’elles le soient, ce qui peut être épuisant voire déstabilisant pour lui. S’il ne fait pas le «travail » qui convient pour filtrer et adapter ces informations, il met son patient et lui même en péril car il désorganise la cohérence «organisationnel / informationnel». Le patient s’en trouvera déséquilibré voire pire. Ses symptômes seront aggravés ou pire, disparaîtront comme par miracle car ils laisseront la place à d’autres plus profonds et plus graves. Quant au praticien, il se «consumera» de l’intérieur. Tout son être se rétractera car ce qui sépare les champs de cohérence est un trou noir.
La tentation de nommer.
Le piège quant à lui réside dans le besoin, justifié ou non, de nommer, dans notre champ rationnel et conscient, ces phénomènes. Leur caractère volatile et subtil, invisible et éthéré, peut conduire à les «caser» et à les «assaisonner» à n’importe quelle sauce de l’illusion, de la métaphysique ou de l’hystérie collective. Ils font alors le lit de la pensée magique, de la manipulation ou de la toute puissance. La prudence s’impose donc vis-à-vis de ce champ «conscient» car c’est lui qui empêche ou trahit les perceptions des niveaux «informationnels» de l’énergie. Mais c’est aussi lui qui, par son «ouverture» et la clarté de son «intention» peut recevoir ces informations et les organiser au bon niveau pour les traduire dans son champ «actionnel» (acte thérapeutique, retransmission d’informations, etc.). Il y a pour cela, dans toutes les cultures des «interfaces interprétatives ». Ce sont des images, des ressentis, etc. qui vont servir de support et de filtre aux informations «brutes» un peu à l’instar de ce qui se passe dans les rêves. Plus leur message est puissant, plus il est symboliquement codé. Tout le travail fait par le rêveur pour les interpréter permet d’adapter l’organisationnel qu’il est à cet informationnel majeur pour lui. Le non-conscient transmet et le conscient interprète. S’il se trompe ou «refuse» le travail d’interprétation, celui-ci se fera entendre plus densément dans le corps. De l’ondulatoire on passera alors au particulaire et le symptôme apparaîtra.
Une médecine énergétique ?
La vraie médecine énergétique décodera le particulaire (le symptôme) et s’appuiera sur le Qi pour le retransformer en informationnel, c’est-à-dire en ondulatoire. Cela se fera en utilisant le corps comme une interface par des techniques corporelles (shiatsu, réflexologie, ayurvéda, etc.), magnétiques (magnétisme, radhiestésie, etc.), chamaniques ou autres. Mais cela se fera également en associant l’esprit du patient. Cela se fera en l’aidant à donner un sens à ce qui lui arrive et / ou en organisant un rituel élaboré voire spectaculaire afin de constituer un cadre à l’informationnel censé émerger de la transformation de l’organisationnel manifesté (symptôme).
On voit combien la notion d’énergie est à la fois complexe et à la fois extrêmement basique. Son essence même est simple ; elle est la vibration originelle, l’écho du «Big Bang créationnel». Sa mise en forme est complexe car c’est elle qui décline toutes les formes de la vie. L’énergie peut être tout et rien à la fois, on peut en faire et en dire tout et rien à la fois. Toutes les traditions du monde l’ont conceptualisée et leurs méthodes pour la maîtriser, validées à l’aune du temps, constituent des gardes fous essentiels face aux apprentis sorciers fascinés par le potentiel de puissance qu’elle représente. Elle est enfin «totale» en ce sens qu’elle est en capacité d’informer et de transformer tout. Si on l’interroge, elle répond. Quoi qu’on lui demande, elle répond. Comme le feu, qui est l’une de ses manifestations, elle anime, réchauffe, «alchimise». Mais elle peut détruire, carboniser, vaporiser si elle n’est pas maîtrisée. Ce n’est jamais elle que l’on peut observer mais uniquement certains de ses états ou de ses manifestations.
Au-delà de cela, ce qui émane comme un filigrane de la conceptualisation orientale, du fait de la dimension bipolaire de l’énergie, du fait de la permanence de cette bipolarité, c’est que ce qui «épuise» l’énergie c’est sa dissociation, la fixation dans l’un de ses états (yin ou yang, matière ou esprit, onde ou particule, etc.) car cette dissociation «stoppe le mouvement» qui est «vie». Or cet «arrêt» nécessite une énergie phénoménale car il s’oppose à l’essence même de la «vie» qui est un flux. Ce qui en revanche «nourrit» l’énergie, la constitue et la reconstitue, c’est l’unicité, l’unité, qui signe l’acceptation de l’interaction «brownienne» perpétuelle qui densifie et libère, dans une impermanence des états «passagers» fluctuants que seule la volonté de nommer fixe. Nous sommes ici à la frontière de ce que les croyances religieuses appellent «divin» ? Il est clair que la difficulté à nommer cet invisible que l’on appelle énergie, que les «caractéristiques» particulières qui sont les siennes, conduisent à un potentiel confusionnel certain. Celui-ci est d’autant plus grand que l’on va vers les dimensions psychologiques ou psychiques.
C’est ici que sont toujours venues s’inscrire les notions qui «personnalisent » les formes et les manifestations issues du champ subtil (ondulatoire) de l’énergie. On parle alors d’entités, d’esprits, de forces, d’anges, etc. Mais tout ceci, ce sont des façons de nommer des états de l’énergie. En cela elles permettent sans doute d’organiser un peu la façon de les comprendre ou de les expliquer, mais on risque très rapidement ainsi de les «externaliser » par rapport à l’individu, les séparant ainsi de lui voire les différenciant de lui. Or ces états de l’énergie, tout en étant «différenciés» de l’individu étant donné qu’ils produisent une manifestation qui lui est perceptible, ne lui sont ni extérieurs, ni différents. Ils participent de lui, interagissent en lui et avec lui, comme la cellule constituante d’un ongle est différente de celle d’un oeil tout en participant au même corps et en étant une émanation de lui.
C’est ce qui rend difficile ici de valider la qualité et l’origine de certains champs informationnels auxquels peuvent avoir accès certains individus ou thérapeutes. Selon la philosophie orientale, le champ informationnel, total et permanent de l’énergie, est accessible à tous, selon les capacités individuelles de perception. Plus l’individu est enraciné dans la dimension corpusculaire, plus il est formaté par elle et accède peu au champ informationnel subtil de l’énergie. Il perçoit plutôt des informations venant du dense, du monde manifesté. Plus l’individu est «distancié» du champ corpusculaire, plus il est en capacité de capter des informations venant du subtil mais moins il est en capacité de les «organiser». C’est pourquoi il est nécessaire de mettre en place des «interfaces» qui verrouillent ce risque. Rituels, formules, images, représentations, etc. sont autant de ces interfaces que les traditions du monde ont su construire. Elles évitent à l’officiant «sérieux et bien intentionné» d’être emporté par le souffle dévastateur d’une énergie non maîtrisée et libérée par «l’ouverture intempestive d’une arche d’alliance» à laquelle il n’aurait pas dû accéder.
Energie et conscience.
En tant que notion participante aux deux champs constitutifs de notre univers, l’énergie est notamment participante aux champs constitutifs de l’univers humain et en particulier de sa conscience. Elle y «existe» et agit à l’identique de ce que nous avons évoqué et se manifeste dans les deux états de la conscience que sont le conscient et le non-conscient. Dans la dimension du champ «conscient», l’énergie, tout en étant «ondulatoire» (nous sommes ici dans un champ subtil par rapport au corps physique), participe du champ corpusculaire, puisque c’est ce champ que le conscient perçoit et cherche à maîtriser. C’est ce champ conscient qui nous met en rapport avec le «réel», le dense et le matériel (corpusculaire ou particulaire), nous permet de le comprendre, d’agir sur lui et d’être «agis» par lui.
Dans la dimension du champ non-conscient, l’énergie est dans sa dimension ondulatoire. Nous sommes au niveau du subtil le plus profond qui participe de l’essence de l’être et de ce qui l’anime. Les états de l’énergie sont ici qualifiés de subconscient, d’inconscient, d’âme, d’esprit, etc. selon le paradigme référentiel. Ici nous touchons, pour l’être humain, aux particularités de l’énergie les plus originales comme l’absence de limites, que ce soit dans l’espace ou dans le temps. Nous retrouvons ici les conceptualisations orientales («corps énergétiques») ou occidentales telles qu’elles ont été établies par certains philosophes comme Bergson (théorie de l’inconscient), certains psychologues comme Jung (inconscient collectif, projection, synchronicité), certains physiciens quantiques comme Wolfgang Paoli, Frédéric David Peat (synchronicité) ou certains biologistes comme Rupert Sheldrake (champs morphogénétiques). Ces conceptualisations présentent toutes une cohérence dans laquelle ce qui émerge est que l’individualité de l’énergie psychique n’existe qu’en tant qu’état passager et manifestable d’une énergie transpersonnelle. Cette dernière englobe et absorbe l’individu tout en lui donnant un cadre de différenciation. Nous sommes ici par exemple dans ce que Jung qualifiait d’inconscient collectif pour lequel il a su démontrer combien celui-ci chaque fois que nécessaire, était capable de prendre le pas sur l’inconscient individuel.
L’inconscient individuel est donc une énergie psychique interpénétrée par tous les inconscients psychiques individuels qui constituent et participent à un inconscient plus vaste dont les limites ne peuvent être réellement définies puisqu’on aboutit toujours à une dimension universelle. C’est dans ce champ là que se situe la dimension informationnelle de l’énergie. Nous retombons de ce fait complètement dans ce qui a précédemment été évoqué et qui finalement rejoint cette dimension universelle et est illustrable par l’hologramme. Ce dernier se compose de points qui peuvent se positionner parce qu’ils portent les informations de positionnement de tous les autres points qui le constitue. Chaque point peut ainsi se placer mais n’a au fond «pas conscience» des raisons de ce placement. Il en est de même dans le processus de différenciation cellulaire qui finit par constituer un corps. Chaque cellule «souche» porte le programme global de tous les possibles, avant de se différencier. Elle «oublie» ensuite cette puissance informationnelle, ce qu’elle a été, pour se fixer dans le champ corpusculaire et ne plus avoir en «conscience» que ce qu’elle est devenue. Cette idée est particulièrement bien développée en Orient à travers les notions de Ciel Antérieur et de Ciel Postérieur.
Mystère ?
C’est bien sûr ici que se repose la grande question de l’énergie dans son champ informationnel. Qu’est-ce qui est perçu comme information ? Est-elle objective ? Le champ de cohérence qu’est le receveur, est-il neutre en tant que matrice réceptionnelle ou bien «interprète t-il ce qu’il reçoit» ? Nous voyons bien là que nous retrouvons le questionnement du physicien quantique par rapport au fait expérimental et à sa neutralité. Ce que l’on peut en conclure c’est l’importance majeure de l’intention du récepteur de l’information, mais également de celle de la personne pour qui l’on reçoit l’information. Suivant la puissance psychique de chacun, le parasitage des données peut être préjudiciable voire dévastateur, pour tous. Les cadres «établis» restent des protections incontournables et en énergétique, il faut aussi «éviter le hors-piste». Ils permettent de cerner ce que c’est que l’énergie dans certains de ses états mais lui laissent toujours cette part de mystère qui restera toujours la quête inaccessible de l’homme. Comme l’horizon qui avance en même temps que le voyageur