Que voient les guérisseurs ?
Tout autour du corps, le thérapeute discerne aussi une aura. Comme un œuf transparent, une bulle de lumière, un halo plus ou moins vibrant, plus ou moins clair. De quoi s’agit-il : de notre champ électromagnétique ? Pas seulement. « C’est le rayonnement de notre être intérieur, qu’on appelle parfois l’âme », estime le magnétiseur Pierre Yonas. Un rayonnement « intelligent », puisque certains y observent des choses qui les renseignent sur notre forme physique, nos pathologies passées, présentes ou latentes, notre état émotionnel et spirituel, les « programmes » qui nous ont conditionnés… ainsi que les circonstances qui les ont fait naître et les moyens d’y remédier.
Livre de l’existence
« C’est un champ d’information où tout est inscrit, confirme Jean-Jacques Rosankis : d’où l’on vient, où l’on en est, où l’on va ; nos blessures, nos qualités, nos défauts que l’on peut rectifier. En tant que thérapeute, elle m’indique les causes des problèmes, et où je dois arriver. » L’aura serait donc comme un hologramme de l’être, une notice explicative de son histoire. « C’est un livre de l’existence en perpétuel mouvement, confirme Pierre Yonas. L’aura est vivante, elle varie au gré de nos pensées, comme un reflet de notre intériorité. » D’un instant à l’autre, son champ peut évoluer dans son ampleur, sa densité… « En fonction de ce dont la personne parle ou de ce que je lui dis, je vois son champ s’épanouir, se décaler ou se rétracter », témoigne l’énergéticien Pascal Mahious.Qu’observent-ils d’autre ? « Ce qu’on voit en premier, quand on parvient à détecter les énergies subtiles, c’est un petit voile qui s’épaissit légèrement, tout autour du corps », indique Pierre Yonas. « Comme une lueur qui fourmille, ou des flammes qui dansent », ajoute l’énergéticien Achim Korte. En médecine énergétique, on l’appelle le corps éthérique. « Il est le véhicule emprunté par les courants de vitalité, écrit Lila Rhiyourhi dans son livre Libérez votre pouvoir de guérison. Formant une trame scintillante, ces fils de lumière convergent vers des centres d’énergie. Son rôle est de protéger le corps physique des agressions extérieures. On peut y percevoir le double lumineux de tous les organes. »
Mais ce n’est pas tout : « Quand on regarde plus loin, on s’aperçoit qu’il y a encore d’autres couches, ressemblant au halo trouble qui se dégage du bitume les jours de grosse chaleur, d’une couleur blanche et rayonnante, raconte Pierre Yonas. Ensuite, on entre dans un système cotonneux, porteur d’autres informations. » Selon la médecine énergétique, l’aura se composerait ainsi d’épaisseurs de plus en plus subtiles : après le corps éthérique, vient le corps émotionnel, reflet de nos sentiments et de notre état psychique, puis le corps mental, constitué de nos pensées et schémas mentaux, le corps céleste, lié à notre spiritualité… « Jusqu’à une dimension dite causale, contenant des traces du passé, des informations karmiques », explique Achim Korte.
Pour autant, tous les guérisseurs ne voient pas l’aura dans son intégralité. Soit parce qu’ils n’en ont pas la capacité, soit parce que ce n’est pas nécessaire. « Parfois, ma vision se concentre comme un zoom sur la partie où se situe un problème précis », note Jean-Jacques Rosankis. Le magnétiseur perçoit aussi les déformations de l’aura en certains points, ainsi que des formes ou des masses sombres, indication que c’est là qu’il faut intervenir. « Hier par exemple, j’ai vu chez une cliente de la glue au niveau des pieds. “Vous avez du mal à vous défaire de votre foyer parental”, lui ai-je dit. “Je m’inquiète en permanence pour mes parents…”, m’a-t-elle confirmé. » Comment passe-t-il de l’image à l’interprétation ? « Les signes me parlent. Je perçois l’énergie de la personne et je vois la mienne attirée par certains points de son corps énergétique. Lorsque je m’y plonge, une étrange connexion entre nos êtres intérieurs me permet de voir le film de sa vie ou d’entendre des voix, qui m’apprennent des choses sur elle – pas forcément négatives. »
Perceptions multiples
Impossible de formaliser la démarche : chaque cas est unique, « ce que je vois chez certains ne va pas apparaître chez d’autres, ou ne pas y prendre le même sens », indique Pascal Mahious. « Les symboles sont propres à la personne, de même que tout guérisseur a sa manière de voir, en fonction de ce qu’il est », acquiesce Jean-Jacques Rosankis.Quid des fameuses couleurs de l’aura, dont on imagine parfois qu’elle caractérise l’être ? « Certaines tonalités peuvent me donner des indications, raconte l’énergéticienne Sue Jonas. Par exemple, si la personne a peur, je verrai rouge. Si elle est dans une volonté de maîtrise de la situation, ce sera jaune. » Pour autant, elles n’ont rien de systématique. « Il peut m’arriver d’en distinguer, mais le plus important, c’est que les images s’accompagnent toujours d’un ressenti », ajoute Pascal Mahious.
Car au-delà de la vision rétinienne, les guérisseurs jonglent avec des visions subjectives, poly-sensorielles. Achim Korte ressent « de l'amertume, de l'aigreur ou de la douceur » ; Sue Jonas entend des variations de fréquence, « comme un bruit qui monte et qui descend » ; Pascal Mahious perçoit des « flashs » dès qu’il passe sa main dans le champ du client ou sur un organe défaillant, ressent des « coups d’aiguille » à l’endroit où il faut qu’il intervienne… « La première chose que je perçois, c’est un courant froid, poursuit Pierre Yonas. Lorsque qu’il se coupe, c’est qu’il y a un problème. Je peux aussi ressentir des fuites, comme un ballon de baudruche que l’on perce. L’aura agit comme un radar : même si on ne la voit pas, celle du client envoie un écho qui va toucher la nôtre. Ces deux énergies subtiles vont se rejoindre et se mettre dans la même vibration pour communiquer – sans mots. »
Vérité intérieure
Tout est donc dans le lâcher prise : « J’essaie de m’abandonner le plus possible, indique Pascal Mahious, pour ne pas formater mes perceptions », ni les gestes qu’elle induisent. Qu’il s’agisse de supprimer les blocages subtils ou de rééquilibrer le champ énergétique, « mon action est complètement instinctive, confirme Jean-Jacques Rosankis. Je reste très impressionné par ce processus, car je sens quelquefois une force externe qui me pousse à aller vers une partie spécifique du corps ou de l’aura. »Une attitude qui vaut aussi pour le client : « On peut agir sur l’aura, à condition qu’elle se laisse travailler ! » note Pierre Yonas. Qu’il y ait une ouverture, une intention, « une réceptivité énergétique ». « Il m’arrive de guérir en dix minutes des gens atteints d’une maladie grave, parce qu’ils sont prêts – je n’ai qu’à appuyer sur le bon bouton, témoigne Jean-Jacques Rosankis. A l’inverse, je vais parfois avoir besoin de cinq séances pour un rhumatisme ou des verrues, alors que c’est normalement le B.A.BA, parce que je rencontre des résistances ! Certaines personnes arrivent avec des auras très compactes, semblables à des chapes de plomb qui les coupent de l’énergie alentour. Agir dessus est laborieux, douloureux. » Au point que le thérapeute peut d’abord conseiller de faire un travail sur soi. « Comme cet enseignant que j’ai envoyé courir dans les champs ! Je lui ai dit : “Imaginez-vous à huit ans, batifolez dans l’herbe jusqu’à n’en plus pouvoir”, parce que dans son aura, son enfant intérieur me criait ça... L’homme avait effectivement eu un blocage à cet âge ; c’est de là qu’il devait repartir. »
Qu’on consulte pour un mal-être émotionnel, des troubles de sommeil, une douleur physique ou des pathologies plus lourdes, impossible de forcer, il faut y aller pas à pas. « L’intéressant, c’est de voir le changement, observe Jean-Jacques Rosankis. Souvent, ça lâche d’un coup. » A la plus grande surprise du client, surtout quand le thérapeute ne le touche pas physiquement. « Ce ne sont pas forcément mes mains qui agissent, mais mon être subtil, rappelle Jean-Jacques Rosankis. De fait, les gens sont étonnés de sentir des choses à l’endroit où mon corps n’est pas ! » Et de vivre, eux aussi, des choses étonnantes : pleurer sans savoir pourquoi, au moment où le guérisseur met le doigt sur l’origine du problème ; se retrouver physiquement et moralement allégés quand il fait le geste de leur ôter quelque chose ; « sentir vraiment le fil et le picotement d’une aiguille lorsque je les recouds énergétiquement », ajoute Pierre Yonas… Jusqu’à parvenir de temps en temps à « voir une partie de leur aura ou se sentir baignés de lumière, signe que le soin les amène petit à petit à lâcher leurs peurs et leur mental pour être dans le vrai », souligne Jean-Jacques Rosankis.
C’est-à-dire au plus près de leur être intérieur. « Tout est là. C’est vers lui que chacun doit cheminer, c’est lui qu’il faut apprendre à écouter, c’est de lui que doit émaner la lumière. » Dans cet état de pure connexion, l’aura sera fluide, capable de jouer son rôle de « tampon » face à tout ce qui nous entoure. « Comme un cocon, une réserve d’énergie, une couche d’ozone », dit Pierre Yonas. « Au fond, il faudrait être comme un océan, conclut Jean-Jacques Rosankis. Les tempêtes provoquent des vagues à sa surface, mais en son cœur, tout reste paisible. »